La Forêt AUVRAY
Au fond d’une profonde vallée, dans un paysage d’une tendre mélancolie, loin des hommes et du bruit, à l’ombre de collines boisées au pied desquelles bouillonne le fleuve limpide comme un cristal, s’élèvent un vieux pont et un vieux château. Le pont est visible, le château est caché dans les arbres et les replis du terrain. Le pont est fort vieux. Ce qui reste de l’ancien château l’est autant. L’un et l’autre pourraient, en se parlant, se rappeler bien des souvenirs, tendres et austères, doux et graves, galants et terribles. C’est un endroit qu’on ne peut visiter sans sentir vous passer sur le cœur un indéfinissable frisson. Il y a de ces paysages dans la nature. A quoi tient leur mélancolie ? A la nature des lieux ? A la puissante majesté des futaies séculaires ? Au passage rapide de l’onde bruyante ? Nul ne le sait. Peut-être les événements d’un lointain passé. exercent-ils une influence néfaste ou bienfaisante sur la couleur des choses ! Peut-être les âmes de ceux qui ont vécu là y ont-elles laissé l’empreinte de leurs destinées ! Un incompréhensible secret plane sur ces lieux aujourd’hui presque complètement déserts. Le vieux pont traverse la rivière. Il relie entre elles deux chaînes de collines dont l’aspect est celui des deux bords d’un immense vaisseau couverts de prairies et de bois. Le vieux château commandait le passage du fleuve à cet endroit. Il ‘était maison-forte, logis seigneurial, demeure de braves gens, repaire de chenapans. On y était bien à l’abri, en parfaite sécurité, et nul ne pouvait passer par là sans la volonté du puissant maître de ces lieux.
Une enceinte quadrangulaire de 80 mètres de long sur 45 de large, des murs épais de 2 m 20 et d’une hauteur de 7 à 10 mètres, des parapets couvrant un chemin de ronde par lequel on pouvait circuler d’un bout à l’autre des remparts, des meurtrières alternant avec des ouvertures semi-circulaires, des tours aux quatre angles communiquant avec le chemin de ronde, des fossés larges et profonds: tel était l’aspect général de cette forteresse. Sa porte d’entrée avait trois mètres de large. On y voit encore les rainures du pont-levis et de la herse. Les mâchicoulis au-dessus de la porte, à 6 mètres du sol et les ·meurtrières du corps de garde ne laissent aucun doute sur la pensée du constructeur. La façade nord était protégée par le fleuve qui baignait ses pieds et la colline qui lui servait de rempart, de telle sorte que la nature et l’industrie s’accordaient pour faire de ce coin de terre.tout à la fois une maison, un château, une forteresse, un nid, un antre et même une prison.
Le château féodal primitif construit dans l’enceinte décrite. ci-dessus fût remplacé au XVI° siècle par un château Renaissance dont il ne subsiste plus rien. Il fut brûlé, dit-on, pendant la Révolution, et à sa place fut élevée une construction moderne sans caractère, celle que l’on voit aujourd’hui.
Le domaine de la Forêt-Auvray appartenait à la puissante famille des Vassy qui se prétendaient issus de Rollon, premier duc de Normandie. Il est hors de doute qu’ils en furent propriétaires depuis le XI jusqu’au XVIII siècle. C’est à un Alvérède ou Auvray de Vassy, fils d’Enguerrand et vivant au XI° siècle que la Forêt devrait son surnom.
Les Vassy avaient pour blason: d’argent à trois tourteaux de sable, et pour devise : « Nodo virtute resolvo » : « Je tranche les nœuds par la force ». Ils avaient la passion de la chasse qu’entretenait l’abondance d’excellent gibier dans la contrée. On raconte que Renty, baron de Bény, étant allé voir le comte de Vassy, seigneur de la Forêt-Auvray, celui-ci lui fit admirer sa meute qui passait pour la plus belle du pays. Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsque Renty lui répondit froidement qu’il en avait une plus belle encore, et il l’invita à l’aller voir. Au jour fixé, Vassy put contempler chez son ami une centaine de pauvres auxquels on distribuait du pain et des vêtements. « Voilà ma meute, lui dit l’autre, ne vous avais-je pas dit qu’elle était plus belle que la vôtre ? » Si quelques-uns de ces seigneurs de Vassy furent de braves gens, plusieurs en revanche abusèrent singulièrement de leur puissance et devinrent d’odieux sectaires lorsqu’ils eurent embrassé la Réforme. En face de la Forêt-Auvray s’élevait, aux Iles-Bardel, le petit prieuré de Saint-Nicolas, dépendant de l’abbaye de N.-D. d’Ardenne, près de Caen. Les Vassy catholiques en avaient été les bienfaiteurs, mais Louis de Vassy devenu protestant trouva que les terres de ce manoir feraient bien son affaire : il s’en empara par violence et convertit en étable la chapelle du pèlerinage. Il fallut vingt ans de luttes pour faire cesser cette scandaleuse usurpation. Et quand on réédifia la chapelle de Saint-Nicolas, huit hommes masqués et armés d’épées, soudoyés par les Vassy, firent soudain irruption sur Ie terrain et blessèrent les ouvriers.
Plusieurs souvenirs historiques se rattachent.au château de la Forêt-Auvray. La tradition rapporte qu’il fut visité par Henri IV. Il n’y a là rien d’impossible puisque le souverain fit plusieurs séjours au château de Rabodange, tout près de la Forêt-Auvray. On montre encore une vieille table de pierre près de laquelle le roi aimait venir s’asseoir, et un très vieux chêne qui a gardé le nom de chêne du Rey, c’est-à-dire du roi. Les historiens qui n’ajoutent aucune foi à ces informations ont tort. Le roi Henri, disent-ils, aurait bien pris garde d’aller s’enfermer à la Forêt-Auvray où ses ennemis l’auraient pris comme dans une souricière. Ce langage n’est pas sérieux. Henri IV à la Forêt-Auvray était bien davantage en sécurité qu’à Paris, et quand le bon roi eut conquis son royaume, ses ennemis avaient bien plus peur de lui qu’il n’avait peur d’eux-mêmes. Mais ces séjours du roi huguenot converti avec les Vassy nous en disent long sur les véritables sentiments de son cœur resté bel et bien protestant.
Un autre souvenir digue de remarque est le paysage à la Forêt de Gabriel de Montgommery, meurtrier involontaire de Henri II. On sait que le, 30 juin 1559, il avait blessé à mort le roi dans un tournoi, en rompant une lance avec lui. La pointe de la lance avait relevé la visière et s’était enfoncée dans l’œil. Le comte de Montgommery, aussi atteint en son âme que le roi en son corps, avait supplié le mourant de lui faire trancher la tête. Le roi eut beau lui dire : « Vous n’avez besoin de pardon » n’importe : dès la première séance d’un conseil privé qui se tint le lendemain de l’événement, Gabriel de Montgommery fut cassé de son grade de lieutenant de la garde écossaise et banni de la cour. La terrible Catherine de Médicis avait juré de le faire pendre. Le malheureux enfourcha sa meilleure jument : Ralphe, et partit en toute hâte pour la Bretagne et l’Angleterre. Il s’arrêta chez les Vassy à la Forêt pour y faire prendre un peu de repos à sa monture. Il paraît bien qu’il ne dut son salut qu’ à la rapidité de sa course. Mais, détail curieux qui fait voir à quoi tiennent les destinées : Montgommery exilé chercha sa consolation dans les livres pieux de la religion réformée ; il embrassa le protestantisme, en devint un des chefs les plus terribles et fut pris en voulant défendre la ville de Domfront. Catherine de Médecis le fit décapiter. Ne serait-on pas tenté de croire que c’est là, entre les murs du sombre château de la Forêt, qu’il entendit parler de Luther et de Calvin avec enthousiasme, là que l’on commença à le convaincre, qu’on lui mit des livres hérétiques dans la main, là enfin que s’échafauda sa triste conversion qui devait occasionner sa ruine et tant d’autres malheurs ?
Les liens d’amitié qui existèrent dès lors entre les deux familles ne devaient faire que se resserrer encore, car nous voyons en 1614 Jacques Ier de Vassy épouser Louise de Montgommery, petite-fille de Gabriel. On a prétendu que pendant que son mari guerroyait, elle fit en trois mois sortir de terre le nouveau château, aidée comme par enchantement par les fées du voisinage. Mais les constructions sont évidemment bien antérieures à cette date. Au XVII° siècle. » un autre Jacques de Vassy arrondit sa seigneurie de la Forêt en y réunissant, moyennant une somme de 18.000 Iivres, prix de vente, la seigneurie de Ménil-Hubert-sur-Orne.
La légende, qui pénètre partout et transforme et idéalise toutes choses ne devait pas passer sans s’y arrêter devant le site de la Forêt-Auvray. Elle nous a laissé sur un des seigneurs de ce lieu un récit à peu près semblable à celui qu’on raconte du chevalier d’Argouges.
Ce jeune seigneur n’avait pas été sans remarquer que la grotte du Bohain, située dans la colline en face le château, était fréquentée par de charmantes dames qui venaient prendre leurs ébats le soir sous les regards de Phœbé et se baigner sur les bords du fleuve. Il en remarqua une plus belle que toutes les autres, et à partir de ce jour il vint tous les soirs au même endroit pour contempler cette fée dont la seule vue lui remplissait le cœur de tendresse et d’envie. Sa taille était svelte et élégante, sa démarche gracieuse ; son teint était d’un blanc d’albâtre, ses lèvres ressemblaient à l’incarnat, elle avait sur le front et les joues les couleurs de l’aurore.
La jeune personne s’aperçut des assiduités dont elle était l’objet. Un soir elle consentit enfin à s’approcher de l’amoureux et voyant qu’il était noble et courageux elle lui offrit sa main. Le soir des noces, le comte s’aperçut que son épouse était couchée avec une pantoufle. « Quoi, lui dit-il, vous avez un pied chaussé ? – C’est que, répondit-elle, je ne puis quitter cette pantoufle ~ Cela est fort incommode, répliqua le marié, en hiver surtout. On ne peut donc échauffer ses pieds ensemble ? » Alors la fée lui parla des grands avantages, des sources de plaisirs et de bienfaits dont sa pantoufle était la source. « Je n’ai qu’une chose à vous recommander, ajouta-t-elle, c’est de prendre garde de parler de la mort devant moi ». Le mari écouta tout ce discours, mais quand elle eut fini, il insista de nouveau pour qu’elle défît sa pantoufle. Pour toute réponse elle lui en frappa un léger coup sur le pied, et incontinent ils se trouvèrent transportés au milieu d’un palais immense aux colonnes de marbre, aux murs lambrissés d’or et d’argent. Couchés sur un lit de velours cramoisi, ils écoutaient de ravissants concerts et assistaient aux danses les plus voluptueuses de l’Orient. Ce n’était là pourtant que le commencement des enchantements et des plaisirs. Un nouveau coup de pantoufle et les voilà dans un vaisseau de cristal qui se mit à voguer dans les airs et sur les nuages. Ils visitèrent tous les royaumes du monde : Rome et l’Italie, Syracuse et les côtes du Péloponèse, la haie et le promontoire de Micale où la tendre Sapho expira d’amour, les rives de l’Elide et de l’Arcadie où avaient lieu les Jeux Olympiques, Sparte et Corinthe, Athènes et la colline de l’Aéropage, les jardins d’ Acadème, la maison de Platon et les bords du Céphise, l’Archipel et la mer Egée avec leurs· îles flottantes, leurs marbres et leurs forêts d’orangers, Délos où les belles Grecques aimaient à se donner des fêtes en liberté. Ils virent la Thessalie, l’Olympe, le Parnasse, le Pinde, I’Elicon, la fontaine Castalie, l’antre de Delphes, la délicieuse vallée de Tempé et les bords enchanteurs du Pénée, les patries d’Achille et d’Alexandre, les champs de bataille de Marathon, de Pharsale et d’ Actium, l’antique Byzance, le Bosphore et la Propontide et la fameuse Troie. Ici la fée ancra son vaisseau, mais à peine virent-ils quelques vestiges de cette ville, la plus célèbre de l’Asie, et les noms d’Homère, d’Hector et d’Achille y étaient déjà oubliés. « Quels ravages, dit le comte, l’amour d’une femme a causés à ce royaume ! – J’en conviens, répondit la fée, mais si Pâris avait été aussi brave qu’il était galant, il aurait mieux défendu son Hélène et sa patrie ». Ils repartirent et visitèrent le mont Ilium, les villes de Pergame, Sardes, Ephèse, Clasornène, Smyrne et Milet et Halicarnasse. Ils virent le palais où Artémise, reine de Carie, fit élever un superbe mausolée au roi son époux, mais ne le jugeant pas encore digne de lui, elle but dans un verre d’eau les cendres de Mausole pour que son sein lui servît de tombeau. Le navire aérien prit ensuite son essor au-dessus du mont Taurus et des bords du Cydnus el de la Cilicie. Ils aperçurent les monts Caucase au-delà desquels habitait cette nation de femmes courageuses qu’on appelait Amazones, véritables héroïnes qui défend aient leur pays par les armes. « Pour moi, dit le comte, j’aurais autant aimé qu’elles eussent resté à filer leur quenouille et élever des enfants, et laisse comme les autres peuples les armes à leurs maris ». Ils contemplèrent ensuite les ruines de l’antique Palmyre, les bords du Tigre et de I’Euphrate, et Ninive où les femmes encore corrompirent Sardanapale, car ce souverain passait sa vie, vêtu en courtisane, au milieu d’un sérail dont les regards lascifs l’occupaient plus que les soins de l’Etat. Suse et Ecbatane se présentèrent à leurs yeux, et puis les ruines de l’antique Babylone, la plus superbe ville du monde avec ses jardins suspendus, ouvrages de la célèbre Sémiramis, Persépolis où Xerxès avec des millions de Perses faisait trembler la Grèce, Persépolis qui fut détruite par Thaïs, cette infâme prostituée, gorgée de vin au milieu d’une orgie nocturne où présidait. Alexandre. Décidément la fée s’aperçut que son jeune mari en voulait aux femmes. « J’avoue, dit-elle, que quelques femmes ont fait des bévues, mais combien d’hommes aussi n’ont pas été imprudents ? Après tout, pourquoi nous suivre, puisque nous avons toujours tort ? Eh ! souvent notre cœur nous rend encore plus malheureuses que coupables ! »
Les deux amis touchaient au terme de leur voyage. Ils descendirent dans la ville des Corasmins, patrie de la Fée galante. Au milieu des festins et des plaisirs, le comte jeta les yeux sur une jeune esclave divinement belle nommée Zoara, et il en devint amoureux, mais la Fée jalouse écarta sa rivale en la renvoyant dans son pays. Alors, au milieu des jouissances et des grandeurs, le pauvre comte fut malheureux. Il soupirait après sa patrie. « 0 charmant Bocage, disait-il, ô sites enchanteurs, ô fleurs des pommiers, n’irai-je donc plus me reposer sous vos délicieux berceaux ; ô genêt doré, ô sarrasin argenté, ne flairerai-je plus jamais le doux parfum dont vous embaumez les côteaux de mon pays ? N’irai-je donc plus chasser le cerf et le sanglier dans mes sombres bois, et le lapin et la perdrix ? » Et il versait des larmes. La Fée craignant pour sa vie lui frappa le pied de sa pantoufle, et les voilà de nouveau dans le merveilleux vaisseau. Ils traversèrent la Chine, le plus ancien empire du monde, et en passant au-dessus de la ville de Pékin ils aperçurent des femmes que la loi obligeait à se brûler vives sur la tombe de leurs maris. « C’est bien plutôt ici, dit la Fée à son mari, que vous avez le droit de déployer vos critiques ! – Cette loi est excellente, reprit le comte, car les femmes ayant poussé leurs dérèglements à l’excès ne se faisaient point de scrupules d’empoisonner leurs époux. Le meilleur remède à cela n’était-il point de les obliger à s’ensevelir avec eux, afin que n’espérant point de leur survivre, elles fussent intéressées à leur conservation ? Cela prouve que les méchantes femmes sont incorrigibles ». Après les déserts de l’Arabie, ils traversèrent la mer Rouge, virent les villes célèbres de Médine et de La Mecque, les bords du Nil, les ruines immenses de Thèbes, la fameuse ville aux cent portes par lesquelles un million de soldats sortaient quand le roi allait à la guerre, puis le célèbre canal qui joignait le Nil à la mer Erythrée, et plus loin le grand labyrinthe qui avait trois mille chambres et dont on ne pouvait sortir quand on y était entré. Les Pyramides se présentèrent à leurs yeux, puis Alexandrie qui sous le règne de Ptolémée était nommée l’Académie du monde et sous celui de Cléopâtre le marché de l’univers. Ils voguèrent au-dessus des déserts brûlants de Tripoli où l’on ne voit que des monstres ; ils virent les ruines de Carthage, la cité fameuse où Didon se perça le sein en voyant fuir Enée et les vaisseaux troyens, Carthage où Annibal fit serment de vaincre Rome, Enfin apparurent Tunis, Alger et les monts Atlas, puis l’Océan et l’Atlantide, cette terre inconnue où coulent les fleuves d’or et d’argent. Le vaisseau arriva en Espagne où ils remarquèrent l’Alhambra, Grenade et Cordoue. Ils franchirent les Pyrénées avec la rapidité de l’éclair et arrivèrent enfin au Bocage normand : « Voilà ma patrie, s’écria le comte avec transport ! » Peu s’en fallut qu’il ne se précipitât du haut des airs. Doucement le vaisseau vint se poser au milieu du jardin et la vie de plaisirs, de bals et de festins recommença. Mais le comte avait contracté dans ce long voyage un fond de mélancolie qui revenait sans cesse. Le souvenir de Zoara l’obsédait toujours. La Fée mit tout en œuvre pour le divertir. Elle le promenait tantôt au travers de ses jardins en fleurs dans un char élégant tiré par des agneaux, tantôt sur le fleuve dans une barque dorée traînée par des cygnes. Elle lui servait les mets les plus délicats et les vins les plus exquis, et il paraissait le plus heureux des époux. Un jour que le comte partait pour la chasse, il avait oublié sa ceinture. Il pria sa femme d’aller la chercher. Elle y alla ; mais s’étant un peu amusée à regarder le portrait de Zoara qu’elle voyait toujours avec peine, son mari lui dit avec vivacité : « Vous seriez bonne à aller chercher la mort ! » A ce mot la fée disparut et frappant de dépit trois coups de sa main contre le mur de la fenêtre, elle y imprima les marques de ses doigts. On ne la revit jamais. L’ancien château de la Forêt-Auvray ayant disparu lui aussi, il est difficile de retrouver la trace des doigts de la fée illustre, mais on montre dans l’antique chapelle qui existe encore un escalier sous lequel elle aurait caché ses immenses trésors : un tonneau plein d’or, un grand coffre contenant des diamants et des pierres précieuses et une grande statue de la Sainte-Vierge en argent massif. Les paysans des environs en ont parlé longtemps et le trésor a excité souvent bien des convoitises. Pendant la Révolution, un pauvre bougre nommé François Fleury se présenta au gardien du château, demandant qu’on lui permît de faire des recherches. Le gardien l’éconduisit … proprement. Mais quelques jours après des individus pénétrèrent par effraction dans la tour, et avec des pics et des pelles ils se mirent à creuser un fossé à l’endroit présumé du fameux trésor. Toute la nuit se passa dans une activité fébrile. A quatre heures du matin, ils prirent la fuite, n’ayant rien trouvé. Le pauvre François Fleury fut inculpé et mis en prison. Le procureur demanda qu’il fût condamné à 14 ans de réclusion, mais le tribunal fut d’un autre avis et le remit en liberté. Il fit bien.